Auteur: Fabiana Grassi
English translation: Martina Pozzi
Traduction en français: Claudia Vona

 

L’interprétation, soit-elle de liaison ou de conférence, cache toujours de nombreuses difficultés.

L’organisation, les termes techniques, les accents, les coutumes sociales, la capacité de parler en public de l’orateur, l’acoustique et le trac sont tous des éléments de difficulté pour un interprète.

Aux yeux du public ou des clients, l’interprète peut sembler une créature omnisciente qui, sans effort,traduit tout ce qui est dit. Je vous garantis que ce n’est pas le cas.

Dans cet article, je voudrais analyser schématiquement les difficultés de l’interprétation, expliquer d’où elles viennent, comment les traiter et surtout comment le client peut collaborer avec l’interprète pour contourner ces problèmes et organiser un évènement bien réussi.

 

L’organisation

 

Organiser un évènement avec des interprètes n’est pas facile, surtout lorsque la dynamique de l’interprétation n’est pas bien connue. Pour cela, l’interprète et l’organisateur doivent collaborer afin d’obtenir une meilleure gestion du temps, des matériaux et du personnel.

 

Ce que l’interprète peut faire

L’interprète ne doit pas craindre de demander des informations au client et, si nécessaire, de le guider dans l’organisation du service d’interprétation.

Un client qui ne fait pas souvent recours aux interprètes pourrait ne pas connaître les différentes techniques d’interprétation (dans cet article, vous les trouverez toutes expliquées de façon schématique et compréhensible) et donc ne pas savoir de quoi il a besoin.

De plus, lorsqu’il est nécessaire de recourir à deux interprètes, les deux professionnels devraient toujours essayer de se préparer ensemble. L’interprète devrait aussi s’assurer que le collègue choisi par le client soit effectivement un professionnel avec qui on puisse bien collaborer. Il n’y a rien de pire que de se retrouver en cabine de simultanée avec un collègue qui n’ait jamais fait de simultanée dans sa vie.

 

Ce que le client peut faire

Le client doit faire confiance à l’interprète ou aux interprètes ; les professionnels savent ce dont ils ont besoin, ils peuvent donc guider le client dans l’organisation du service.

Le client doit essayer d’embaucher les interprètes à l’avance (en tenant compte du fait que la préparation de l’évènement peut prendre plusieurs jours), de fournir tout le matériel utile à la préparation et, surtout, il faut s’assurer que les interprètes soient des professionnels.

 

Le jargon technique et les langages sectoriels

 

Les termes techniques sont tous ces mots typiques d’un langage sectoriel: des termes médicaux aux noms des parties des machines industrielles, du nom commercial d’un médicament aux différents tissus utilisés dans le secteur textile.

L’interprète, ainsi que l’orateur, doit connaître et utiliser les termes corrects dans les deux langues, la langue source (celle de l’orateur) et la langue cible (celle vers laquelle il traduit).

 

Ce que l’interprète peut faire

La préparation est la meilleure arme à la disposition de l’interprète.

Le professionnel fait des recherches, étudie toutes les informations disponibles sur le sujet, crée des glossaires ad hoc pour l’évènement et s’entraine.

 

Ce que le client peut faire

Le client peut faciliter le travail de l’interprète en lui envoyant tout le matériel disponible sur l’évènement (le programme, les diapositives PowerPoint, les brouillons des discours …).

Parfois, les clients pensent que l’interprète sait déjà traduire automatiquement n’importe quoi, une fois qu’on lui dit “il s’agit d’une réunion sur la technologie”.

Bien sûr, nous pouvons étudier en général tout ce que l’on puisse apprendre : de l’invention du tube cathodique aux machines volantes, mais des informations un peu plus détaillées sont certainement utiles, surtout lorsque le temps de préparation est serré.

 

Les accents

 

Chaque langue a d’innombrables variations d’accent: français parisien, alsacien, ivoirien ; anglais américain, indien, écossais, néo-zélandais, sud-africain. Un Allemand qui décide de parler en anglais. J’en passe et des meilleurs !

Un interprète ne peut pas connaître toutes ces variations, donc tôt ou tard il se retrouvera face à une difficulté due à l’accent.

 

Ce que l’interprète peut faire

Une façon de contourner le problème de l’accent est de pratiquer l’interprétation de différents discours que l’orateur a déjà fait dans le passé.

S’ils ne sont pas disponibles, on peut s’entraîner avec des discours de locuteurs de même origine.

 

Ce que le client peut faire

Dans le cas de l’interprétation de conférence, le client peut tout à fait aider l’interprète en lui remettant le brouillon du discours, même à proximité du jour de l’évènement.

Cependant, j’ai souvent entendu deux réponses à cette demande : il s’agit d’informations confidentielles / nous ne l’avons pas.

Un professionnel a une certaine éthique professionnelle et maintient la confidentialité des documents transmis. De plus, un locuteur aura presque toujours un discours écrit ou une piste à suivre (presque personne n’improvise), il vaut donc toujours la peine d’insister auprès du locuteur pour assurer le meilleur résultat du service.

Enfin, étant donné que la confiance c’est bien, mais qu’un accord de confidentialité c’est mieux, les interprètes professionnels sont toujours disponibles à signer un accord de non-divulgation, si nécessaire.

 

Les coutumes sociales

 

Il s’agit d’un élément particulièrement important à gérer dans les négociations commerciales et peut parfois déterminer le succès de la médiation entre les deux parties, qui dans ce cas est non seulement linguistique mais aussi culturelle.

Les acheteurs allemands ont tendance à aller droit au but, les Japonais sont très respectueux, les Indiens sont très désireux d’avoir une relation personnelle basée sur la confiance, les Italiens aiment bavarder et mieux connaître les clients. Bref, à chacun le sien.

 

Ce que l’interprète peut faire

L’expérience, même personnelle, peut certainement aider.

Un interprète doit non seulement connaître une langue, mais aussi toute la culture derrière la langue.

Faire des recherches sur les coutumes est certainement une stratégie, lorsqu’on ne connait pas personnellement une culture particulière.

 

Ce que le client peut faire

Dans ce cas, le client peut simplement fournir à l’interprète des informations sur qui sera devant lui (d’où il vient, pour quelle entreprise il travaille, ce qu’il fait au sein de l’entreprise).

 

L’éloquence

 

Ce facteur est strictement lié à la question de l’accent et dépend entièrement du locuteur.

S’il est nerveux, peu habitué à parler en public ou s’il lit un discours écrit, il s’exprimera généralement à la vitesse de la lumière.

S’il lit, qu’il est monotone ou qu’il n’a pas de notions de prise de parole en publique, il aura tendance à ne pas donner de rythme aux phrases.

Tout cela constitue un élément critique pour l’interprète, qui traduit non seulement des mots, mais tout le sens et l’intention d’une phrase.

 

Ce que l’interprète peut faire

Comme pour les accents, l’interprète peut s’exercer à interpréter les discours que l’orateur a déjà prononcé dans le passé.

Il peut également s’adresser à l’orateur avant de monter sur scène, lui demandant de tenir compte du fait que le discours devra être traduit.

La complicité entre l’orateur et l’interprète est l’un des éléments de réussite de tout évènement.

 

Ce que le client peut faire

Si l’interprète n’a pas la possibilité de parler directement avec l’orateur, le client peut être un intermédiaire.

De plus, même dans ce cas, avoir une copie du discours à l’avance (ou voire le même jour) peut vraiment changer le sort d’un service qui serait autrement très complexe.

 

L’acoustique

 

Une excellente acoustique est essentielle pour la réussite du service d’interprétation. Qu’il s’agisse d’un bon système audio, de cabines insonorisées ou simplement de la bonne position pour écouter au mieux l’orateur sur scène, l’interprète doit toujours avoir la possibilité de bien entendre le discours qu’il doit interpréter.

 

Ce que l’interprète peut faire

L’interprète doit se rendre sur place à l’avance pour faire un test audio.

 

Ce que le client peut faire

En accord avec l’interprète, le client doit s’assurer d’avoir la possibilité de faire un test audio et, si des cabines insonorisées sont nécessaires, il doit essayer de contacter les fournisseurs avec des systèmes audio de qualité et des ingénieurs du son qui participent à l’évènement.

Le trac

 

C’est le seul facteur “intérieur”, qui ne dépend que de l’interprète.

Pour certaines personnes, le trac se transforme en adrénaline et conduit donc à de meilleures performances (avouons-le, un peu d’anxiété nous permet de garder l’attention et ça ne fait pas mal), mais d’autres paniquent.

 

Ce que l’interprète peut faire

Un professionnel sait que les meilleurs remèdes contre l’anxiété sont la bonne préparation, un dialogue fructueux avec le client, un bon collègue avec qui collaborer (le cas échéant) et le matériel nécessaire.

De plus, garder le sang-froid et ne pas vaciller en cas de difficulté sont des traits caractéristiques du professionnalisme de l’interprète.

 

Ce que le client peut faire

Dans ce cas, le plus important est que le client collabore, fournisse le matériel et donne à l’interprète le temps nécessaire pour se préparer.

 

Comme vous l’avez lu, l’interprétation est un monde jalonné de défis, mais lorsque le professionnel et le client collaborent au mieux, la mission sera sûrement un succès.

Pour vous aider à mieux organiser vos évènements avec des interprètes, nous publierons prochainement d’autres articles sur ce sujet !

Continuez à nous suivre !

 

 

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